
L’échéance concernant les premières déclarations de consommation énergétique des bâtiments est repoussée d’un an. Quelles sont les conséquences ? Comment s’adapter ? Cédric Nicard, Directeur de Cap Terre analyse pour vous la situation.
Concrètement, cela laisse donc un an de plus aux acteurs concernés, propriétaires et utilisateurs, pour communiquer à l’Etat les consommations des bâtiments qu’ils occupent. Communication qui devra donc être réalisée sur la plateforme OPERAT avant fin septembre 2022 (mise en service attendue au 1er janvier) en mettant à disposition les consommations d’énergie des années 2021, 2020 et antérieures… Exercice de transparence qui coïncidera donc avec la déclaration officielle, bâtiment par bâtiment, de la performance de référence qui sera utilisée pour calculer l’objectif à atteindre.
Plus largement, notons qu’il y a encore du travail pour que le dispositif règlementaire soit abouti et donc pleinement opérationnel. A la fois du travail technique pour constituer la liste exhaustive des seuils de performance en valeur absolue à atteindre. Et un travail de concertation pour rendre pédagogique et acceptable ce texte. Attendons également les conclusions du débat sur la Loi climat et résilience qui envisage de rendre éligibles au décret les bâtiments neufs.

Mais finalement, est-ce que le report du décret tertiaire change quelque chose ?
Fondamentalement, non. Si ce n’est qu’il évite l’effet de goulot d’étranglement que nous sentions venir par la déclaration cumulée de milliers de bâtiments sur la période estivale. La principale gagnante est donc la bande passante du datacenter de l’ADEME…
Du coup, on fait quoi ?
Le Décret nous a habitué à des soubresauts, politiques, technique et règlementaires. Néanmoins les échéances finales de 2030, 2040 et 2050 lors desquelles il faudra avoir atteint les objectifs ainsi que les enjeux à traiter ne changent pas. La première erreur serait donc d’attendre, de repousser la collecte d’informations, d’ajourner les diagnostics en se disant que l’on a gagné un an. Dans un cycle immobilier pour la planification d’actions et de travaux, chaque année compte. Nous avons moins de 10 ans. Soit un cycle de bail 3/6/9, pas plus, et c’est court.
Pour autant, la seconde erreur serait de partir tête baissée en lançant massivement et à l’aveugle des campagnes d’audit, d’instrumentation, etc. Au-delà du coût et du temps que cela génère, c’est aussi un risque de perte de maîtrise de son parc et de sa donnée.

A l’inverse, raisonner sous forme d’un schéma directeur en se donnant des lignes directrices générales tout en traitant chaque bâtiment dans son cycle technique, financier et locatif permet de maîtriser le sujet, se l’approprier et de le vivre comme un outil de transformation et non comme une surcouche de contraintes.
Aussi, instituer une collaboration avec tous les acteurs du bâtiment est essentielle pour répartir efficacement les actions et instituer un climat de confiance. Qui sait, peut-être que la valeur de cette règlementation est aussi-là…
En somme, pour bien traiter le Dispositif Eco-Energie Tertiaire il faut donc faire de l’immobilier, pas de la technique, qui n’est qu’un outil.